ARTISTES |
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Le Bateleur |
(Pascal Vailler) |
France |
(1961-1995) |
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"Aujourd’hui, je suis un vrai rebelle; mais j’emploie les bonnes armes: la poésie, l’art! On ne peut pas empêcher un artiste de créer."
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Le Bateleur, un Rebelle dans la Rue... | ||
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C’est à quinze ans que le Bateleur a pris son nom: “quand j’interroge les tarots, quand je leur demande quelle est ma place dans l’univers, systématiquement, je trouve le Bateleur... Puisque cela m’est destiné, je le garde”. |
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Cette société qui avait bousillé mon enfance |
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À sa majorité, à 18 ans, il est sorti du foyer avec un sac, son CAP de cuisinier, et 7.000 francs en poche. “Je ne suis pas allé loin; j’étais complètement révolté: j’avais envie de tout faire pour détruire la société, par vengeance contre cette société qui avait bousillé mon enfance”. Il est devenu un voleur et un drogué. Il a fait au total trois ans de prison! “J’ai été un naufrage total”, reconnaît aujourd’hui le Bateleur avec beaucoup de franchise... “Un jour, j’étais arrivé à l’ultime limite, j’avais ma dose d’héroïne et j’étais décidé à en finir... quand j’ai rencontré une femme. Elle a voulu un enfant... j’ai décidé de suivre une cure de désintoxication, très pénible... depuis, je ne touche plus aux drogues dures; cela me dégoûte”! Le Bateleur a acheté un bar dans le midi; il a voyagé, et a vécu aux Antilles. Depuis son retour en France, il bombe. “Aujourd’hui, je suis un vrai rebelle; mais j’emploie les bonnes armes: la poésie, l’art! On ne peut pas empêcher un artiste de créer”. Installé dans l’espace artistique de la rue des Cascades -- une ancienne usine occupée par des artistes -- Le Bateleur passe son temps à peindre et à faire des pochoirs. Le Bateleur se bat pour faire arrêter le massacre du quartier: “Je travaille dans les quartiers condamnés, où les gens sont concernés; mais je ne réserve pas mes pochoirs aux immeubles déjà murés: je n’hésite pas à bomber sur les bâtiments publics, les écoles, pour que les enfants les voient; je reproche aux gens de ne pas se sentir concernés jusqu’au jour où ça leur arrive”. Le Bateleur a une collection de près de 80 différents modèles de pochoirs, où se côtoient des personnages aussi différents que Charlie Chaplin, Einstein, Zapata, le Bouddha, une petite fille, un danseur africain, Isis... L’ancien élève cuistot de la DASS passe jusqu’à 35 ou 40 heures pour découper la matrice d’un pochoir! Ses pochoirs sont accompagnés de légendes qui soulignent son message: “Un mur! C’est avec des choses simples que les promoteurs aident à trépasser l’hiver”! “C’est, dit-il, ma réponse aux affiches de la Mairie de Paris qui proclament “Un lit.. Un repas... C’est avec des choses simples que la Mairie de Paris aide les SDF à passer l’hiver”! “les textes naissent avec chaque pochoir... j’ai commencé à les travailler après avoir été expulsé du “supermarché de l’art”! Depuis son retour à Paris, il y a 3 ans, Le Bateleur n’a pas cessé de squatter: il est passé du couvent des Récollets, a supermarché de l’art, à la rue de Trévise, et aujourd’hui à l’espace de la rue des Cascades -- qu’il ne désespère pas de sauver avec une subvention de l’UEE. “Ce que nous disons, nous, à tous ces promoteurs, tient en quelques mots: “vous fermez des lieux pendant 5 ou 10 ans avant de les détruire! Pendant ce temps-là, prêtez les, mettez les à la disposition d’organismes, pour des artistes ou pour les SDF. Prêtez-les, le temps que vous n’en faîtes rien”. Le Bateleur ne veut surtout pas se laisser récupérer….et dans la rue il distribue souvent gratuitement ses pochoirs. Mais par moment il se laisse gagner par le doute: “Je me considère comme un bon ouvrier, mais je n’ai même pas le salaire d’un RMIste! J’arrêterai peut-être le pochoir, parce que la reconnaissance n’est pas ce qu’elle devrait être... Peutêtre mon ultime pochoir aura-t-il pour texte: “Mort d’avoir trop donné... merci de ne pas l’oublier”. |
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Écrit par Chris Kutschera |
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Le Bateleur et Davis Dutreix |
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Lorsque le Bateleur est décédé en 1995, il remit à sa compagne ses derniers voeux: Il voulait que tout ses travaux soient remis entre les mains de son ami, le peintre Davis-Dutreix. Ces deux artistes se connaissaient depuis le début des années 90 lorsque le Bateleur entama sa courte carrière, au parcours exceptionnel, de peintre dessinateur pochoiriste. A l'époque, Davis-Dutreix peignait dans un squat situé dans la rue de Trévise et participait à des actions de collages d'affiches, peints à la main, avec le groupe connu sous le nom de Zen Copyright. La rue était le dénominateur commun pour ces deux artistes. Une amitié se créa entre eux où ils partageront les même visions politiques et spirituelles. Leur collaboration culminera lorsque Davis-Dutreix travailla aux côtés du Bateleur dans le squat de ce dernier situé dans la rue des Cascades. Lorsque le Bateleur fut admit à l'hôpital, Davis-Dutreix déménagea au Collectif de la Grange aux Belles et apprit post mortem, de la confiance et de la responsabilité que le Bateleur avait mit entre ses mains. Il y stocka les oeuvres du Bateleur dans un premier temps jusqu'à ce qu'il déménagea pour le Sud de la France, fin 1999, où il les a mis dans un garde meuble de la région parisienne. Onze ans plus tard et pour la première fois, Davis-Duteix eu les finances pour pouvoir rapatrier les oeuvres du Bateleur. Maintenant il a entamé la lourde tâche de s'assurer que son ami, non seulement refasse surface, mais retrouve sa place parmi ceux qui ont contribué à l'art de la rue parisienne des années 90. |
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VIDEO DE L'EXPOSITION PAR DAVIS DUTREIX |
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