The night has fallen and the fighting has ceased. Everyone believes to be the victor. Exhausted bodies lie on straw mattresses... Fantasies gather to haunt these heavy heads. While soldiers' iron tools are left and resting, male attributes are awake and on guard. Unappeased desire will erect them in the obscurity and warmth of the tents.

Suddenly, white shadows, almost naked, serpentine, slide in crawling like snakes in the moonlight, magnetized by sex. They edge their way in, coming from the undergrowth or from the opposite camp where other arched bodies embrace each other in hope: death will be sweeter for the quenched warriors inebriated with the flames of love.

The final frenzy and waves of shivering begin to rise from a different battlefield. The orgy echoes the horrors of the day: convulsive and lascivious buttocks become rounder, offering themselves to hard loins of steel. The beams of thighs quiver and rise, and the air exhales the steam of this consensual rape.

And those fighting nocturnal battles without a partner are dazzled with solitary spasms. A night of armistice, the time of vivid cries of men who die before their death. Tomorrow? This carnal night is a mirage in the face of tomorrow's mass grave... The rest of a man-at-arms? The last night of orgasm.

Pierre Eyssartier s’approprie magnifiquement les oscillations des pulsions humaines à travers une transfiguration de la relation charnelle. Il utilise le discours violent à la magie duquel s’ouvrent les perspectives du fantasme. Sa description entêtée de la loi du corps s’incarne dans des projections extraordinaires. Oui, cher Pierre Eyssartier, le plaisir est tout et ressemble parfois à un champ de bataille.
La sexualité nous enveloppe, nous submerge et nous avale telle une guerre totale. Peu importe que la symbolique soit archaïque. Images minutieuses, sans complaisances, mais pleines d’aspirations sensuelles, elles nous renvoient au vivant épris de volupté. Tout est à venir car tout reste à venir chez Pierre Eyssartier même s’il ne s’agit que d’une « dernière nuit » solitaire ou non « d’orgasssssssssme ».  L’acte d’amour est comparable à un cri sacré qui relève de l’indicible et raisonne dans l’éternité. C’est une évidence.
Surtout ne reprenez jamais totalement conscience dés lors que vous êtes enchainés aux désirs physiques. Allez au bout de votre sexualité comme les héros homériques allaient au combat. Eprouvez le sens de l’émancipation, exprimez l’inexprimable. Laissez-vous porter par le pouvoir de l’attraction du partenaire. Essayez-vous à toutes les expériences transcendantes au service de l’existence. Peu importe les souffrances de vie endurées, le rôle crucial du physique dicté par le sentiment vrai vous mènera vers une boulimie créatrice. Echappez-vous de la mièvrerie du compagnon de misère et ressentez cette formidable attirance de l’être aimé sans tomber dans la facilité du pathos ou dans la grandiloquente illusion du quotidien.
Pierre Eyssartier sublime magnifiquement le tragique de l’envie dévorante - distincte du besoin instinctif - dans un processus cathartique. Cela me plaît. D’ailleurs, nous sommes libres d’intérioriser comme il nous plaît ses fantasmagories, de les faire nous servir : selon moi ce texte est signe du monde terrestre où la prise de conscience qui s’exerce autour du sexe, peut agir magistralement contre la petite mort. Et si cette lecture nous éloignait de l’atmosphère humaine des empoisonneurs ?
Pierre Eyssartier ne cristallise point sur la perversion, il nous montre avec fulgurance la puissance incarnée de la jouissance. Je perçois dans ses paroles libres l’effet d’un météore. Les mots précieusement utilisés errent désormais dans ma tête, c’est peut-être important, mais moins que le renversement qu’ils opèrent chez le lecteur. L’auteur parvient à faire de l’érotisme une figure dionysiaque exagérant l’envergure luciférienne du passionné.